Même les lignes les plus strictes du Code monétaire n’interdisent pas à un mineur de posséder un compte-titres. À condition, bien sûr, que les représentants légaux prennent la main et pilotent le dispositif. Côté associations, pourtant, la réalité s’annonce plus rude : la plupart des banques ferment la porte, préférant réserver l’accès à d’autres formes juridiques. Quant aux non-résidents fiscaux français, le flou règne encore : officiellement rien n’interdit l’ouverture, mais chaque établissement joue sa propre partition et peut imposer ses propres limites.
Aucun seuil minimal, aucun plafond obligatoire, pas de condition de ressources : la réglementation ne pose aucune de ces barrières. Pourtant, derrière cette façade, chaque banque, chaque courtier, applique ses propres filtres. Les critères d’éligibilité se révèlent bien moins uniformes qu’on le croit : d’un acteur à l’autre, la donne change.
Comprendre le compte-titres ordinaire : fonctionnement et possibilités d’investissement
Le compte-titres ordinaire (CTO) reste la porte d’entrée universelle vers les marchés financiers. Contrairement au PEA, il ne limite ni le montant des versements, ni la provenance des titres. Ce dispositif se compose de deux poches : le compte-titres, où reposent les actifs, et le compte espèces, où transitent les liquidités. À chaque opération, achat ou vente, les mouvements passent par la case espèces : impossible d’y couper.
Voici ce que le CTO permet d’intégrer dans un portefeuille :
- Actions françaises, européennes, américaines ou issues de marchés émergents,
- Obligations émises par des États ou des entreprises,
- Fonds (OPCVM, ETF, SICAV, FCP),
- Produits dérivés comme les options ou futures,
- Produits structurés, matières premières, SIIC,
- Chez certains intermédiaires, l’univers s’ouvre même aux cryptomonnaies.
La diversification n’a pas de frontières : elle peut être géographique, sectorielle, thématique. Le CTO convient aussi bien pour des stratégies de gestion active, trading, arbitrage, que pour une approche long terme reposant sur la diversification et la patience.
Son utilisation ? À chacun sa méthode. Certains gèrent tout eux-mêmes via une banque classique, une plateforme en ligne ou un courtier indépendant. D’autres préfèrent une gestion plus accompagnée, selon leur expérience ou leur intérêt pour les marchés. À prévoir : des frais de courtage, de gestion, parfois de tenue de compte, sans parler de certains coûts spécifiques à des produits particuliers.
Le CTO bénéficie de la garantie FGDR : 70 000 € pour les titres, 100 000 € pour l’argent liquide. Un filet de sécurité discret, mais rassurant pour quiconque s’inquiète d’une faillite bancaire.
Qui peut ouvrir un compte-titres ordinaire ? Éligibilité et conditions à connaître
Le compte-titres ordinaire se montre accessible à un large éventail de profils. Toute personne physique majeure peut y souscrire, et les mineurs ne sont pas écartés : leurs représentants légaux peuvent effectuer l’ouverture et gérer le compte en leur nom. Que l’on réside fiscalement en France, dans un pays de l’Union européenne ou en Suisse, la démarche reste ouverte, sans restriction de nationalité. De nombreux jeunes découvrent la Bourse ainsi, guidés par leurs parents ou proches.
Les personnes morales disposent aussi de cette option. Que l’on soit société civile, SCI, association, fondation ou holding, il existe une procédure dédiée pour accéder à ce support. Le compte-titres devient alors un outil de gestion de trésorerie, de constitution de portefeuille collectif ou d’optimisation patrimoniale.
Ouvrir un compte-titres ordinaire impose de rassembler plusieurs pièces :
- Un formulaire d’ouverture, en version papier ou numérique,
- Des justificatifs d’identité et de domicile à jour,
- Un RIB au nom du futur titulaire (personne physique) ou de l’entité (personne morale),
- Le questionnaire MIF, imposé par la réglementation européenne, qui sert à évaluer la connaissance des marchés et le niveau de tolérance au risque.
La banque ou le courtier examine chaque dossier, vérifie la conformité réglementaire et s’assure que le candidat comprend les risques liés aux marchés financiers. L’ouverture d’un compte-titres implique donc rigueur et transparence, en accord avec les exigences du secteur.
Quels sont les atouts du compte-titres pour divers profils d’investisseurs ?
La grande force du compte-titres ordinaire, c’est sa flexibilité. Il n’impose aucun plafond de versement, donne accès à pratiquement tous les marchés financiers mondiaux, et permet une gestion complètement libre ou partiellement déléguée. Son univers dépasse largement celui du PEA ou de l’assurance-vie : actions de toutes zones géographiques, obligations, ETF, OPCVM, produits structurés, produits dérivés, matières premières, et dans certains cas, cryptomonnaies.
Ce compte s’adapte à chaque façon d’investir. L’amateur de gestion active multiplie les transactions, arbitre entre différentes places boursières, cherche à saisir des opportunités partout dans le monde. Celui qui préfère la patience construit son portefeuille pour le long terme, répartit ses investissements, lisse les risques. Certains établissements proposent même une gestion guidée, pour accompagner l’investisseur qui souhaite s’appuyer sur l’expertise d’un professionnel plutôt que de tout gérer seul.
Sur le plan fiscal, le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30 % s’applique sur les plus-values et les dividendes, avec la possibilité d’opter pour l’imposition au barème de l’impôt sur le revenu. Les revenus de source étrangère doivent être reportés via le formulaire 2047, et les comptes détenus à l’étranger via le formulaire 3916. La garantie du FGDR couvre jusqu’à 70 000 € pour les titres et 100 000 € pour les liquidités. Attention : chaque banque ou courtier applique ses propres frais de courtage, de gestion, de tenue de compte ou de transfert, la facture peut varier sensiblement d’un acteur à l’autre, selon la fréquence et la nature des opérations.
En cas de succession, la valeur du compte-titres rejoint l’ensemble du patrimoine transmis et sera prise en compte pour le calcul des droits. Gardons à l’esprit : investir comporte toujours un risque de perte en capital, quelle que soit la stratégie mise en place. Le compte-titres ordinaire n’élimine pas l’incertitude, mais il ouvre un champ d’opportunités à la mesure de chaque investisseur.