Impôt sur les ICO : Comment savoir s’ils sont imposables ?

L’administration fiscale classe la plupart des jetons issus d’ICO comme des actifs numériques, mais certains peuvent relever d’autres catégories selon leur utilité ou les droits qu’ils confèrent. Cette classification entraîne des traitements fiscaux distincts, parfois à l’opposé des attentes des détenteurs ou des émetteurs.La qualification juridique du jeton et la nature des opérations réalisées conditionnent l’imposition. La vente, l’échange ou la cession d’un jeton peut générer une plus-value imposable, mais certaines structures ou modalités d’acquisition échappent à cette règle générale. Les incertitudes réglementaires et l’absence d’harmonisation compliquent l’identification des obligations précises.

Comprendre le cadre fiscal des ICO en France

En France, la fiscalité des ICO évolue dans un contexte où la réglementation avance, mais laisse encore planer de nombreux doutes. Depuis l’entrée en vigueur de la loi Pacte, l’Autorité des marchés financiers supervise les émissions de jetons tout en laissant subsister des zones d’incertitude sur la nature juridique des crypto-actifs. Aujourd’hui, la plupart des jetons (ou tokens) issus d’initial coin offering sont assimilés à des actifs numériques au sens du code monétaire et financier.

Le code général des impôts encadre la fiscalité applicable aux offres de jetons. Mais la réalité est plus complexe : tout dépend du type de jeton, utility token, security token ou jeton hybride. Les tokens servant de moyen de paiement sont vus comme des actifs numériques, tandis que les security tokens se rapprochent de la réglementation des valeurs mobilières. L’arrivée prochaine du règlement MiCA promet de remettre de l’ordre, mais actuellement, les détenteurs doivent naviguer entre le code monétaire et financier, les normes comptables et les textes de l’AMF.

Voici ce qu’il faut retenir sur la fiscalité des ICO à ce jour :

  • Les plus-values réalisées sur la cession de crypto-actifs subissent, pour les particuliers, le PFU (flat tax) à 30 %, sauf exceptions.
  • Pour les entreprises, l’impôt sur les sociétés (IS) s’applique, avec des règles variables selon l’usage des jetons détenus.
  • La fiscalité ICO reste fluctuante, suivant l’évolution de la doctrine fiscale et les positions AMF.

Décrypter le cadre fiscal implique de s’intéresser à chaque détail. Le type de jeton, la façon de l’utiliser, le profil de l’investisseur (personne physique ou entreprise) : tout influence le traitement imposé. Les zones grises sont nombreuses, surtout tant que la fameuse harmonisation européenne et les précisions du règlement MiCA tardent à se concrétiser.

Quels critères rendent une ICO imposable ?

Pour déterminer si une ICO expose à l’impôt, il faut d’abord s’intéresser à la nature des jetons émis. Les utility tokens ouvrent droit à un service ou un accès, mais l’achat n’est généralement pas imposable en soi. Au moment de revendre ou d’utiliser ces tokens, tout change si une plus-value survient. Les security tokens, pour leur part, procurent des droits financiers assimilés à ceux de titres classiques et suivent un schéma fiscal assez proche des valeurs mobilières.

La qualité de l’investisseur joue aussi un rôle. Pour un particulier, le prélèvement forfaitaire unique (PFU) s’applique, sauf choix pour le barème progressif. Pour une société, l’imposition passe par l’impôt sur les sociétés, mais la comptabilisation des tokens dépend encore une fois de leur usage (stock, immobilisation ou actif numérique).

Les principaux critères permettant de jauger l’imposabilité sont :

  • Nature du token : utility ou security
  • Qualité de l’investisseur : particulier ou entreprise
  • Usage du token : service, investissement ou spéculation
  • Opération potentiellement soumise à TVA selon l’émission

Un point mérite l’attention : la nature du service fourni par l’émetteur. Quand l’ICO sert à financer un projet et que les tokens ouvrent la porte à des biens ou services, la question de la TVA se pose. Toute prestation assimilée à une vente taxable peut rendre l’opération assujettie à la TVA, sauf cas de neutralité fiscale. Les services fiscaux scrutent donc attentivement l’utilisation des tokens une fois émis.

Le cadre reste mouvant. La doctrine administrative évolue au fil des textes européens et des retours de l’AMF. Chaque ICO doit donc faire l’objet d’un examen au cas par cas, selon sa structure et le profil de l’investisseur impliqué.

Calcul et déclaration des plus-values issues d’une ICO : méthodes et obligations

Déclarer des plus-values liées à une ICO peut vite tourner au casse-tête. La première étape consiste à identifier si l’on opère en tant que personne physique ou morale. Pour un particulier, la vente de tokens issus d’une ICO se rattache à la fiscalité des actifs numériques (art. 150 VH bis du code général des impôts). Le principe : il suffit de soustraire le prix d’achat (ajusté des frais) au prix de vente.

La règle : le prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % (dont 12,8 % d’impôt sur le revenu et 17,2 % de prélèvements sociaux). Il reste possible d’opter pour le barème progressif, mais cela exige une demande expresse. Quant aux moins-values, elles sont imputables sur les plus-values de même famille et reportables sur dix ans.

Pour les sociétés, la vente de tokens s’intègre au résultat fiscal soumis à l’IS. Le classement en stock, immobilisation ou actif financier découle des normes comptables françaises. Ces opérations figurent dans la liasse fiscale, à l’endroit adéquat.

Les obligations déclaratives sont à prendre très au sérieux : chaque cession, même minime, doit apparaître dans la déclaration annuelle. En cas d’oubli, l’administration déclenche immédiatement ses sanctions fiscales. Les contrôles se sont multipliés, avec des outils de recoupement de données entre plateformes d’achat-vente et services fiscaux.

Jeune homme dans cuisine avec smartphone et notes crypto

Conseils pratiques pour optimiser la gestion fiscale de vos investissements ICO

Gardez une traçabilité impeccable

Impossible de sécuriser sa situation sans conserver tous les justificatifs concernant achats et cessions de tokens. Les plateformes d’achat-vente ne proposent pas toujours un historique complet : pensez à enregistrer régulièrement vos relevés. Ce suivi du prix d’acquisition, des frais éventuels et du calendrier de chaque opération simplifiera vos démarches lors de la déclaration.

Voici les types de documents qu’il faut absolument garder :

  • Attestations d’offering ICO et reçus pour chaque jeton numérique
  • Preuves démontrant la nature de chaque token (utility, security ou hybride), car cette distinction influe directement sur le traitement fiscal

Pensez à l’imputation des moins-values

L’administration admet l’imputation des moins-values sur les plus-values de la même catégorie, pour une période de dix ans. En gérant soigneusement votre portefeuille et en choisissant judicieusement le moment de céder vos actifs, il est possible de compenser certaines pertes et de limiter la fiscalité sur les gains réels. Cette mécanique est souvent négligée, alors qu’elle réserve des marges de manœuvre non négligeables.

Anticipez vos obligations déclaratives

Chaque année, la déclaration des mouvements de crypto-actifs passe par l’annexe du formulaire 2086 pour les particuliers. Les entreprises, elles, doivent intégrer ces flux à la liasse fiscale. Toute omission peut se traduire en sanction : le respect scrupuleux de vos obligations évite bien des déconvenues. Reliez systématiquement vos documents de suivi internes à la déclaration adressée à l’administration.

Sécurisez vos choix avec un conseil spécialisé

Solliciter un avocat fiscaliste ou un expert-comptable formé à la fiscalité ICO peut faire toute la différence : choix entre PFU et barème progressif, arbitrage des options de structuration, analyse fine de l’usage réel des tokens. Face à la complexité du sujet, une expertise sur mesure reste la meilleure parade contre les mauvaises surprises.

La fiscalité des ICO est une mécanique mouvante, jalonnée d’évolutions et de virages réglementaires. Anticiper, vérifier et documenter chaque étape, c’est s’assurer de garder la maîtrise, même lorsque le paysage fiscal se transforme sous nos yeux.