Utilisation du CELI vs REER : choisir le meilleur véhicule d’épargne

Un retrait d’un REER gonfle votre revenu imposable, tandis qu’un retrait d’un CELI ne laisse aucune trace sur votre déclaration. Pourtant, chaque année, la majorité des Canadiens ne tirent pas pleinement parti de ces deux régimes, alors qu’ils sont pensés pour se compléter. Les règles qui encadrent les cotisations et les retraits sont si différentes qu’elles imposent des stratégies parfois diamétralement opposées, selon le revenu ou le but poursuivi.

Le choix entre ces comptes ne se fait jamais à la légère. Il varie profondément selon la situation de chacun et selon les besoins à venir. Se tromper de véhicule peut avoir des conséquences durables sur votre facture d’impôt, année après année.

Comprendre le CELI et le REER : deux outils d’épargne aux logiques distinctes

Dès la saison fiscale lancée, la rivalité entre REER et CELI refait surface. Deux comptes, deux visions. Le régime enregistré d’épargne-retraite (REER) fonctionne de façon simple : chaque cotisation vient réduire immédiatement l’impôt à payer pour l’année. À l’inverse, le compte d’épargne libre d’impôt (CELI) ne propose aucun allègement fiscal au moment du versement. Mais il pose une règle en or : tous les retraits restent à jamais à l’abri du fisc.

Le REER vise avant tout la retraite. L’épargne y fructifie sans être taxée, tant qu’elle reste investie. Mais au retrait, chaque dollar est considéré comme un revenu imposable. Le plafond de cotisation au REER dépend du revenu gagné, jusqu’à 18 % (32 490 $ en 2025). À l’opposé, le CELI offre un plafond fixe (7 000 $ en 2025), accessible à tous, sans égard au revenu. Il s’adresse à ceux qui cherchent une épargne souple : retraite, achat, projet de vie ou coup dur.

Voici les différences concrètes entre les deux comptes :

  • REER : déduction fiscale à l’entrée, imposition à la sortie.
  • CELI : aucune déduction à la cotisation, retraits libres d’impôt.

Dans les deux cas, la croissance des placements échappe à l’impôt tant que l’argent reste investi. Mais la logique diverge : le REER permet d’alléger la pression fiscale aujourd’hui, le CELI garantit l’absence de contraintes fiscales demain. Il s’agit alors de peser la situation fiscale personnelle, l’objectif poursuivi, le besoin de souplesse. Au Québec, la fiscalité plus lourde accentue la différence entre ces deux stratégies.

Avantages et limites : ce que chaque véhicule d’épargne peut vraiment vous apporter

Le REER attire par la déduction fiscale immédiate. Idéal pour ceux qui évoluent dans une tranche de revenu élevée : la cotisation réduit la facture d’impôt de l’année en cours, ce qui libère de la marge pour investir davantage. Mais attention à la sortie : chaque retrait est ajouté à votre revenu ordinaire. Ce détail prend de l’ampleur lorsqu’il s’agit de prestations publiques : retirer d’un REER peut réduire l’accès à certains programmes, du Supplément de revenu garanti à l’Allocation canadienne pour enfants.

Face à lui, le CELI mise tout sur la flexibilité. Pas d’impact fiscal lors de la cotisation, ni au retrait. Les prestations gouvernementales restent intactes, même si vous retirez des sommes importantes. Le plafond annuel (7 000 $ en 2025) paraît modeste, mais chaque retrait rouvre la porte à une nouvelle cotisation l’année suivante. Autrement dit, le CELI s’adapte facilement aux imprévus ou à un projet qui se précise.

Le REER propose aussi des outils ciblés : le RAP permet de sortir jusqu’à 35 000 $ pour acheter une première propriété, avec obligation de rembourser sur 15 ans. Le REEP vise ceux qui reprennent leurs études, sous conditions précises. Les primo-accédants disposent aussi du CELIAPP, qui combine la déduction fiscale et la possibilité de retraits non imposables, sans contrainte de remboursement.

Pour résumer, chaque véhicule d’épargne a son terrain de prédilection :

  • REER : allégez vos impôts aujourd’hui et mettez de côté pour la retraite, mais tenez compte de l’effet sur vos revenus futurs.
  • CELI : misez sur la liberté, la simplicité et la préservation de vos prestations publiques.

Jarres avec billets et pièces pour comptes d

CELI ou REER : dans quelles situations l’un surpasse-t-il l’autre pour votre épargne retraite ?

Le choix entre CELI et REER n’est jamais aussi tranché qu’on le croit. Tout se joue sur la tranche d’imposition actuelle, la projection de votre revenu à la retraite et votre besoin de flexibilité. Le détail qui change tout : la fiscalité à l’entrée, puis à la sortie.

Pour un salarié qui déclare un revenu élevé, cotiser au REER permet de réduire immédiatement la note fiscale, de faire fructifier son argent à l’abri de l’impôt, puis de retirer lorsque le taux d’imposition sera probablement plus bas à la retraite. C’est le scénario typique au Canada, et plus encore au Québec. Mais prudence : si votre revenu à la retraite reste élevé (avec des loyers, des placements non enregistrés, une rente d’entreprise), sortir des sommes du REER continuera à alourdir la facture d’impôt et à réduire les prestations publiques.

Le CELI se révèle plus pertinent pour ceux qui anticipent une progression de leur taux d’imposition ou souhaitent protéger leur accès à certains programmes sociaux. Les retraits, quels que soient le montant ou l’âge, n’entraînent aucune conséquence fiscale. Pour l’investisseur qui cible la croissance (gains en capital, dividendes, produits à rendement élevé), le CELI offre un abri total : placements et retraits échappent complètement à l’impôt.

Voici un tableau pour mieux visualiser les situations types et le véhicule d’épargne à privilégier :

Situation Véhicule optimal
Taux d’imposition élevé aujourd’hui, plus faible à la retraite REER
Besoin de flexibilité, retraits non imposables, prestations à protéger CELI
Maximisation des avantages fiscaux à long terme Stratégie combinée REER + CELI

Une approche hybride, adoptée par les épargnants aguerris, consiste à répartir ses cotisations entre REER et CELI, en jonglant avec les plafonds respectifs. L’objectif : réduire l’impôt aujourd’hui tout en se réservant une liberté totale de retrait demain.

En matière d’épargne, il n’existe pas de formule universelle. Le choix du véhicule façonnera votre avenir financier aussi sûrement que la route que vous décidez d’emprunter. La vraie question, finalement : de quel côté voudrez-vous pencher quand viendra le temps de profiter de vos efforts ?